Risques professionnels dans le commerce de détail d’habillement

 

Dans cet article, retrouvez les principaux risques professionnels dans le commerce de détail d’habillement, ainsi que des conseils pratiques pour la prévention dans les boutiques.

Pour aller plus loin, Préveam peut vous accompagner dans votre démarche de prévention et sensibiliser vos salariés dans le cadre de sessions d’information. Cet accompagnement est inclus dans votre cotisation.

Le risque de chute

Le risque de chute vise deux situations :
  • les chutes de plain-pied (hors dénivelé) ;
  • les chutes de hauteur (dès qu’il y a dénivellation).
La Commission Européenne définit les chutes de plain-pied comme «les glissades, trébuchements, faux-pas et autres pertes d’équilibre sur une surface «plane» […] y compris si la victime a pu rétablir son équilibre et qu’il n’y a pas, à proprement parler, chute. Ne sont prises en considération que les surfaces ne présentant aucune rupture de niveau ou bien des ruptures de niveau réduites (trottoir, petites marches, plan incliné, etc.)». Les chutes de hauteur sont des chutes résultant d’une activité réalisée sur un emplacement en hauteur (toiture, passerelle…) ou avec utilisation de certains équipements destinés à travailler/accéder en hauteur (échelle, plate-forme…). Tous secteurs d’activité confondus, les chutes de plain-pied sont à l’origine de 16 % des Accidents du Travail (AT) en 2018 et les chutes de hauteur représentent 12 % des AT, ce qui en fait respectivement les 2ème et 3ème causes d’AT. Les chutes, heurts et collisions peuvent être la conséquence d’un encombrement ou d’une étroitesse des allées de circulation, de la présence de dénivellations, d’un sol dégradé ou glissant, de l’utilisation de moyens d’accès en hauteur inadaptés et/ou non sécurisés, d’un stockage instable de cartons ou autres objets, d’une démarche et/ou de chaussures inadaptées, de tâches réalisées dans l’urgence, d’un mauvais éclairage… Elles sont d’ailleurs souvent la conjonction de plusieurs de ces facteurs !
Les effets d’une chute, quelle qu’en soit la hauteur, peuvent aller de simples contusions à des traumatismes graves, pouvant même entraîner la mort. Ils résultent du contact brutal d’une personne avec le sol ou un objet, ou d’une tension musculaire ou articulaire suite à un faux-mouvement, en voulant se rattraper par exemple. Le siège des lésions est variable : tête, membres supérieurs et inférieurs, coccyx… Les lésions sont le plus souvent cutanées et/ou ostéoarticulaires (plaie, entorse, fracture, écrasement…). La circulation interne peut également avoir un impact sur l’organisation et l’image de l’entreprise.

Les chutes de personne ou d’objet sont souvent considérées comme inévitables, mais il existe pourtant différentes mesures de prévention permettant de les éviter.

Rationaliser les déplacements

Organiser les tâches et les espaces de travail de façon à réduire le nombre de déplacements ou les distances parcourues : par exemple, affecter les salariés à un seul niveau de vente, disposer d’une réserve tampon attenante à la surface de vente, faire livrer les produits au plus près de la zone de déballage…

Allées de circulation et escaliers

  • Eclairage

Toute allée où circulent les salariés doit être suffisamment éclairée pour repérer de manière précoce les éventuels obstacles, dénivellations…
Dans les zones et couloirs de circulation piétonne, un niveau d’éclairement moyen de 100 lux doit être maintenu et de 150 lux dans les escaliers.
Un éclairage de sécurité par blocs autonomes doit permettre de faciliter toute évacuation d’urgence sur les lieux de travail.

  • Allées de circulation

Des largeurs minimales sont définies par l’INRS pour les allées de circulation :

Il convient d’éviter les obstacles dans les voies de circulation (cartons, fils électriques, armoires, tiroirs ouverts…) et de bien fixer les tapis, barres de seuil…
Les stocks tampons, accessoires de décoration, marchepieds, chariots… doivent être rangés dans des zones dédiées.
Les plafonds bas doivent être signalés et les parties saillantes protégées.
Les revêtements de sol doivent être en bon état, non glissants et bien entretenus. Leur nettoyage doit être organisé de façon à ne pas avoir à marcher sur un sol mouillé.
Le revêtement des marches d’escalier doit être antidérapant. Pour les nez de marches, éviter les revêtements collés dont la surépaisseur est dangereuse en cas de décollement et choisir une couleur permettant une bonne visibilité, en contraste avec le reste de la marche.
Les escaliers non encloisonnés doivent comporter un garde-corps de chaque côté. Les autres escaliers doivent être munis d’une main courante préhensible de chaque côté, sans interruption.

Organiser le stockage

Pour éviter les chutes d’objet lors de la circulation interne, les structures de stockage (étagères, armoires…) doivent être stables, bien fixées au mur et au sol le cas échéant, et adaptées aux objets à stocker. Les charges maximales indiquées par le fabricant doivent être respectées.
Les hauteurs de stockage doivent être limitées, si possible à hauteur d’homme et optimisées selon le poids et la fréquence de manipulation des produits :

Moyens d’accès en hauteur

Si les hauteurs de rangement ne peuvent être limitées à hauteur d’homme, il convient alors de mettre à disposition des salariés des plateformes sécurisées et adaptées.

Choisir des équipements légers et pliables de façon à pouvoir en disposer facilement. La hauteur du moyen d’accès doit être suffisante pour ne pas avoir à s’étirer lors de la tâche réalisée et ainsi avoir une bonne prise. Les pieds et marches doivent être solides, antidérapants et propres et les surfaces d’appui doivent être horizontales et planes.

Dans certains cas, il est possible d’éviter l’accès en hauteur, par la mise à disposition de perches télescopiques par exemple pour décrocher les cintres, laver les vitres…

Démarche à adopter

Eviter l’usage de distracteurs lors de la marche (téléphone, lecture…) afin d’être en mesure de repérer et d’éviter les obstacles, les surfaces mouillées, glissantes, inégales…
Eviter de courir, adapter sa foulée et sa vitesse à la surface de marche, ne pas tourner dans les coins trop rapidement ou de façon trop serrée. Dans les escaliers, bien tenir la main courante.
Utiliser une lampe de poche si l’espace n’est pas suffisamment éclairé.
S’assurer que les objets portés ou poussés ne masquent pas la visibilité, ne pas porter trop d’objets volumineux simultanément, préférer plusieurs voyages.

Accessoires

Porter des chaussures offrant un bon maintien du pied et une bonne stabilité et éviter les talons hauts.
Avoir une correction visuelle adaptée.
Eviter les pantalons trop amples, les jupes trop longues… qui peuvent se prendre dans des obstacles.

La manutention manuelle

La Manutention Manuelle (MM) désigne toute opération de transport ou de soutien d’une charge dont le levage, la pose, la poussée, la traction, le port ou le déplacement exigent l’effort physique d’une ou de plusieurs personnes.
(Article R.4541-2 du Code du Travail)

Les principales conséquences des manutentions manuelles sur les travailleurs concernent :
  • La fatigue, les douleurs et les pathologies de l’appareil locomoteur,
  • Les affections du bas du dos et des épaules et, plus accessoirement, des membres,
  •  Les accidents du travail (la moitié d’entre eux, tous secteurs confondus),
  • Des accidents cardio-vasculaires si la MM est très intense ou si elle nécessite les bras en élévation,
  • La monotonie et la démotivation des travailleurs si l’activité se limite à la MM
  • Un risque accru d’accident ou d’altération de la santé en cas d’exposition conjointe aux MM, à des contraintes de temps, à une charge mentale ou aux vibrations (chauffeurs livreurs…).
L’accumulation de ces effets peut être à l’origine d’une dégradation durable de la santé en général.

Le Code du Travail (Article R.4541-9) fixe les limites de poids pour des  charges portées de façon habituelle :

Pour les jeunes de moins de 18 ans, la limite de poids est de 20 kg pour les garçons, 10 kg pour les filles.

La norme AFNOR NFX 35-109 est plus restrictive en ce qui concerne les limites acceptables de port manuel de charge.
Par exemple, sans distinction de sexe, pour le transport d’une charge à 2 mains sur une distance de 2 mètres, avec une hauteur de prise et de dépose comprise entre 75 et 110 cm et une fréquence de 1 fois toutes les 5 minutes, la norme fixe une valeur de poids acceptable de 15 kg et une valeur maximale admissible sous conditions de 25 kg.

L’employeur doit prendre les mesures organisationnelles ou techniques, et notamment les équipements mécaniques, afin d’éviter le recours à la manutention manuelle de charges par les travailleurs.

  • Recourir aux équipements d’aide à la manutention : portant mobile, chariot, monte-charges, table de mise en rayon, roll conteneur à niveau constant…
  • Réduire la manipulation et le port de charges lourdes : rationalisation des displays et de la mise en place des vitrines, densité raisonnable de vêtements sur les portants, mannequins en matériaux légers, courtes distances (et sur un seul niveau) à effectuer avec des charges lourdes…
  • Optimiser le conditionnement et l’accessibilité des produits (poids, forme, facilité de préhension…), manipuler de faibles quantités de cartons ne dépassant pas les 15 kilos, aménager les réserves afin qu’elles soient accessibles, organiser le stockage (le plus lourd en bas, le moins utilisé en hauteur) …
  • Former les salariés à adopter les gestes et postures appropriés. La seule action par la formation aux « bons gestes » est insuffisante. Pour améliorer les situations de travail, il est important d’intervenir sur l’ensemble des facteurs liés à l’activité et à l’environnement (état des sols, encombrement…).
  • Varier les tâches des salariés pour permettre, à condition d’être bien organisé, de réduire les contraintes, et de garder un intérêt au travail.
  • Équiper individuellement les salariés : chaussures de sécurité, gants de manutention…

Consultez notre plaquette Port et déplacement de charges !

Les contraintes posturales

On considère comme contraintes posturales et articulaires, ou «postures pénibles» :
  • Les postures qui entraînent des positions forcées des articulations, notamment celles qui comportent des angles extrêmes des articulations (par exemple, le bras au-dessus de la ligne des épaules est une posture extrême pour l’épaule).
  • Le maintien d’une position articulaire identique pendant une longue période, qui génère des contraintes physiques locales (posture des bras sans appui, maintien prolongé d’une posture accroupie ou le dos penché en avant…) et globales (station statique prolongée).
Les postures extrêmes ou prolongées constituent des facteurs de risques de Troubles MusculoSquelettiques (TMS). Toute posture du corps, lorsqu’elle est maintenue et répétée, peut entraîner progressivement de l’inconfort, de la fatigue, des lésions musculo-squelettiques et une réduction durable des capacités fonctionnelles. Il n’existe pas de posture idéale. En fonction de la durée, de la répétitivité des postures et du type d’activité, chacun perçoit les limites des postures qu’il adopte.
La 1ère étape de la démarche de prévention consiste à identifier les situations à risque, c’est-à-dire les situations de travail au cours desquelles les salariés adoptent des postures pénibles. Ces illustrations de l’INRS (document ED7201) indiquent, pour chacune des principales articulations : – En vert, les zones de mobilité confortables – En orange, les zones de mobilité astreignantes (pénibles à la longue) – En rouge, les zones de mobilité dangereuses (gestes rapidement douloureux) Par exemple, pour chaque encaissement, il existe des contraintes posturales et articulaires selon les gestes à réaliser et le positionnement des différents éléments (écran, scan, sacs, antivols, cintres…) :
  • Scan de l’article : prise en pince de l’étiquette et/ou du scan, flexions/extensions du poignet…
  • Retrait de l’antivol : flexions/extensions du poignet pour démagnétiser, flexion du tronc pour ranger l’antivol dans le bac…
  • Paiement : extension du bras pour présenter le lecteur CB au client, lui tendre son ticket…
  • Emballage de l’article : flexion du tronc pour saisir un sac…
La 2nde étape consiste à agir sur ces situations, en priorisant les plus critiques. D’une manière générale, il convient d’aménager le poste de travail et organiser l’activité de façon à ce que le travailleur ait la possibilité de choisir parmi diverses positions et d’en changer fréquemment. Voici une liste non exhaustive de pistes d’action dans les boutiques d’habillement :
  • Disposer de mobiliers et d’équipements réglables en hauteur (tables de pliage, portants mobiles, tables de mise en rayon, rolls conteneurs à niveau constant…) de façon à obtenir une hauteur de prise et de dépose idéalement comprise entre la taille et les épaules, soit entre 80 et 150 cm environ.
  • Eviter de stocker, mettre en rayon et exposer à une hauteur supérieure à celle des épaules. Prévoir le cas échéant des moyens adaptés et sécurisés d’accès en hauteur.
  • Aménager l’espace de façon à pouvoir placer les équipements au plus près du travailleur et ainsi éviter les torsions, flexions, extensions…
  • Prévoir suffisamment d’espace pour la mise en place des vitrines.
  • Fournir un siège de travail (par exemple de type assis-debout) et permettre aux salariés de s’asseoir lorsque l’affluence le permet.
  • Organiser des pauses régulières (prévoir une salle/espace de repos avec des sièges en nombre suffisant) et des temps de récupération.
  • Prévoir des rotations de postes afin de varier les postures et l’alternance des activités à forte et à faible contrainte. Tenir compte des variations saisonnières de l’activité.

Les risques psychosociaux

Les Risques Psycho-Sociaux (RPS) renvoient à différentes problématiques liées au travail :
  • Le stress (déséquilibre entre les contraintes et les ressources pour y faire face),
  • Les violences internes (conflits, harcèlement…),
  • Les violences externes (insultes, incivilités, agressions…)
Les effets des RPS ne sont pas uniquement de nature psychologique, ils affectent également la santé physique. Les premiers signes apparaissent en quelques jours :
  • Signes physiques : fatigue, douleurs, troubles du sommeil…
  • Signes émotionnels : sensibilité, angoisse, irritabilité, sensation de mal-être…
  • Signes comportementaux : violence, agressivité, repli sur soi, difficultés à coopérer…
  • Signes intellectuels : oublis, difficultés à prendre des décisions ou des initiatives…
En quelques mois, des pathologies peuvent apparaître, tels que dépression, épuisement professionnel, maladies cardio-vasculaires, troubles musculo-squelettiques… Les RPS ont également un impact sur l’entreprise. On peut noter un lien entre l’apparition de ces risques et l’absentéisme, le taux élevé de rotation du personnel, la réduction de la productivité, des accidents du travail, une démotivation, une dégradation du climat social, des atteintes à l’image de l’entreprise…
Risques liés à l’intensité du travail et au temps de travail
  • Les contraintes de rythmes élevés qui exigent des salariés une réactivité et une disponibilité quasi-permanentes, notamment en période de forte affluence,
  • Les objectifs difficiles ou impossibles à atteindre (chiffre d’affaires, panier moyen, indice de vente, taux de transformation…),
  • Les demandes de polyvalence au pied levé,
  • La gestion de plusieurs demandes de clients sans droit à l’erreur,
  • Les horaires de travail atypiques (horaires décalés, fractionnés…), l’incertitude des horaires de travail, les changements inopinés dans les plannings…
Insécurité de la situation de travail
  • Les risques pesant sur la pérennité de l’emploi, sur l’évolution de la carrière,
  • La crainte de voir son revenu baisser.
Conflits de valeur
  • Effectuer un travail qui entre en contradiction avec ses convictions personnelles ou faire un travail que l’on juge de mauvaise qualité (ne pas pouvoir prendre suffisamment de temps pour s’occuper de ses clients, être incité à recourir à une pratique commerciale déloyale ou trompeuse…).
Rapports sociaux dégradés au travail Les mauvaises relations entre collègues, l’absence de possibilité d’entraide, la mise en concurrence,
  • Le manque de soutien de la part de la hiérarchie, le manque de disponibilité, l’absence de dialogue,
  • Les violences internes au travail, c’est-à-dire les attitudes ou comportements hostiles entre les salariés de l’entreprise, quels que soient leurs niveaux hiérarchiques (propos dégradants, comportements méprisants, discriminatoires…),
  • Le manque ou l’absence de reconnaissance du travail.
Manque d’autonomie
  • Le manque d’autonomie organisationnelle (faibles marges de manœuvre dans la manière de faire son travail, d’organiser ses tâches…),
  • Le manque d’autonomie temporelle (rythme de travail imposé, pas de possibilité de prendre de pause en cas de besoin…).
Exigences émotionnelles Le travail émotionnel consiste à maîtriser et façonner ses propres émotions lors des échanges avec les interlocuteurs (faire bonne figure en toute circonstance !). Ces exigences émotionnelles induisent une charge mentale forte dans la réalisation du travail. Certaines situations peuvent devenir éprouvantes ou générer de la souffrance, par exemple :
  • Les relations peuvent devenir tendues avec certains clients lorsque les temps d’attente sont trop longs,
  • Des situations de violences externes peuvent apparaître sous différentes formes : incivilités, remarques méprisantes qui peuvent être discrètes, répétées, usantes… D’autres violences peuvent se révéler de façon brutale et traumatisante (vol, agression, braquage…).
La prévention des risques psychosociaux se fonde sur les mêmes principes et processus que les autres risques professionnels. Quelques exemples d’améliorations possibles :
  • Informer les salariés le plus en amont possible de leur planning ou d’un changement de celui-ci,
  • Evaluer régulièrement la charge de travail de chacun et revoir si besoin la répartition des tâches,
  • Fournir les moyens humains et matériels ainsi que des délais suffisants pour réaliser le travail,
  • S’assurer de la connaissance du fonctionnement du matériel (caisse, système d’alarme…),
  • Assurer une présence minimale de deux personnes à la fermeture du magasin,
  • Donner la consigne de ne pas résister et de garder son calme en cas d’agression et former les salariés sur la conduite à tenir en cas d’incivilité, de braquage…,
  • Favoriser le travail d’équipe et l’entraide,
  • Favoriser le dialogue avec la hiérarchie ainsi qu’avec les différents services,
  • Rendre visibles les perspectives de carrière et d’évolution professionnelle dans l’entreprise,
  • Développer la formation et l’information des salariés.

Les produits chimiques

Les produits chimiques sont omniprésents en entreprise. Il s’agit de substances pures ou de mélanges, commercialisés ou non, d’origine naturelle ou synthétique, fabriqués de façon intentionnelle ou non, et rencontrés sous différentes formes (solide, liquide, gaz). Un agent chimique est considéré comme dangereux s’il est capable de causer un dommage sur la santé, la sécurité et/ou l’environnement. Le risque chimique est un risque lié au contact avec un agent chimique, par voie respiratoire, cutanée ou digestive, dont l’intensité est fonction des conditions d’utilisation et d’exposition. Au travail, nous utilisons ou manipulons des agents chimiques de façon délibérée lors d’une activité particulière (entretien des locaux, réparation…), mais nous pouvons également les « subir » via les poussières, fibres, émanations… Ils peuvent par ailleurs donner lieu à des expositions accidentelles en cas de déversement ou d’incendie. Dans les boutiques de prêt-à-porter, le détachage des textiles et le nettoyage des locaux induisent l’utilisation de différents produits chimiques. S’ajoute à cette exposition, celle liée aux substances présentes dans les tickets de caisse, la monnaie, les cintres, ou encore les textiles : teintures, biocides, apprêts (lustrant, agent de blanchiment, ignifugeant…).
Produits d’entretien L’utilisation de produits d’entretien entraîne une exposition essentiellement par voie cutanée et respiratoire, en l’absence de protections adéquates. Les dommages peuvent aller de l’irritation à la brûlure chimique, voire à une allergie. L’exposition peut également être accidentelle (projection, émanation de vapeur/gaz toxique…) en cas de mauvaise manipulation ou de mélange de produits incompatibles (par exemple : Javel + détartrant). Produits de la chaîne du textile Selon leur provenance (réglementation en vigueur, niveaux de traçabilité et de transparence…), les textiles peuvent regorger de substances chimiques potentiellement dangereuses pour la santé intervenant dans les processus de fabrication, de traitement ou encore de transport. Certaines ont parfois été récemment incriminées dans des cas d’allergie malgré leur interdiction en UE il y a plusieurs années ! Le risque pour les salariés du commerce de détail d’habillement est bien entendu plus faible qu’en industrie du textile, puisque les concentrations sont faibles, mais il est important de le prendre en compte étant donnée la multiplicité des substances, leurs potentiels effets à faible dose et l’accumulation de ces effets. Voici une liste des principales substances chimiques du textile et leurs effets potentiels :
  • Les fibres textiles naturelles, végétales ou animales, synthétiques à partir d’hydrocarbures, artificielles à partir de cellulose… : inhalées en excès sous forme de poussières, elles peuvent nuire au système respiratoire (rhinite, bronchite chronique, asthme…).
  • Les colorants et apprêts peuvent être responsables d’eczéma, d’urticaire, d’asthme… Certains contiennent des substances cancérigènes comme l’auramine, des amines aromatiques, ou encore des métaux lourds tels que le plomb.
  • Le diméthylformamide, solvant utilisé pour le traitement des tissus, est toxique pour le foie.
  • Le formaldéhyde, utilisé comme fixateur de colorants et d’apprêts, pour rendre les tissus infroissables, résistants et hydrofuges, peut provoquer, même à faible dose, des irritations de la peau et des yeux, des allergies cutanées et respiratoires, et est classé cancérigène.
  • Les sels métalliques, utilisés pour intensifier et stabiliser les couleurs (sulfate de cuivre, bichromate de potassium…), sont irritants, allergènes et/ou cancérigènes selon les sels.
  • Les nonylphénols, utilisés comme agents mouillants, dispersants, émulsifiants ou encore comme détergents, sont soupçonnés de provoquer, entre autres, une altération de la reproduction.
  • Les phtalates, utilisés comme plastifiants pour faciliter le collage des motifs sur les fibres, sont des perturbateurs endocriniens, entravant le développement normal des organes sexuels.
  • Les composés perfluorés (exemple : fibres téflon), utilisés pour un repassage facile, ainsi que les polybromodiphényléthers, retardateurs de flammes, sont des perturbateurs endocriniens, provoquant des problèmes d’infertilité ou de développement, des cancers, des déficits immunitaires ou encore des perturbations du développement neurologique.
  • Le diméthylfumarate, généralement utilisé pour ses propriétés antifongiques lors des opérations de stockage et de transport (cristaux en sachets placés à l’intérieur de l’article ou dans l’emballage), est connu pour être très allergisant. Il est interdit en UE depuis 2009.
  • Les nanomatériaux, aux propriétés antitaches, antiodeurs et antimicrobiennes, sont utilisés alors même que l’on ignore encore tous les effets sanitaires de ces nouvelles technologies.
  • Le nickel, métal utilisé dans certains alliages (fermetures éclairs, pièces de monnaie, cintres, bijoux…) est fortement allergisant et suspecté d’être cancérigène.
  • Les bisphénols (A, S ou F), utilisés comme révélateurs dans les papiers thermiques et donc présents dans la plupart des tickets de caisse, sont irritants, allergisants et perturbateurs endocriniens.

Produits d’entretien

Pour connaître les bonnes pratiques d’achat, de stockage, d’utilisation et de protection, se reporter à la plaquette Les produits du quotidien : pas si anodins !

Produits de la chaîne du textile

Agir sur l’exposition des salariés aux substances chimiques des textiles est également bénéfique aux consommateurs et donc à l’image de marque de l’entreprise.
La principale mesure de prévention pour réduire ou supprimer la présence de ces substances dans les articles finis est le recours aux textiles issus de meilleures pratiques de production et de transport.

Il convient donc de privilégier les fournisseurs garantissant la conformité des substances utilisées vis-à-vis des normes européennes (traçabilité des matières premières jusqu’au produit fini, absence de substance interdite, respect des valeurs limites…). Pour s’en assurer, il est possible de faire réaliser des tests de conformité par des organismes compétents et indépendants.

Dans les boutiques :
– Assurer une ventilation suffisante des locaux et un entretien régulier afin d’éviter l’accumulation de poussières et de fibres. Les méthodes de nettoyage par aspiration ou à l’humide sont à privilégier car le balayage remet les poussières en suspension dans l’air.
– Privilégier l’envoi des tickets de caisse par mail pour éviter leur impression et manipulation.
– Porter des gants de manutention et des chaussures fermées lors de la réception, de l’ouverture et du rangement des cartons, pour limiter le risque de blessure et d’exposition cutanée aux substances.
– Informer les travailleurs sur les risques liés aux substances chimiques et sur la conduite à tenir en cas de manifestation allergique et/ou d’irritation.

Les ambiances physiques

Les ambiances physiques de travail sont un ensemble de facteurs qui constituent l’environnement des salariés, et qui peuvent avoir des répercussions sur leurs conditions de travail et sur leur santé. Dans les boutiques, les salariés peuvent être exposés par exemple à :
  • Une ambiance sonore fatigante : musique d’ambiance forte et/ou agressive, bips des articles, conversations clientèle, cris/pleurs d’enfants, alarmes antivol, sonneries du téléphone…
  • Une ambiance hygrothermique et/ou une qualité de l’air dégradées : exposition au froid, aux courants d’air (entrée ouverte donnant sur rue…), à la chaleur (absence de climatisation…), à un excès d’électricité statique (air trop sec…), aux poussières, à de mauvaises odeurs, …
  • Une ambiance lumineuse inadaptée : niveau ou qualité d’éclairage au poste de travail rendant la visibilité difficile (lumière tamisée, spots éblouissants…), impossibilité de voir l’extérieur et/ou absence de lumière naturelle (centre commercial, réserves…) …

Effets d’une ambiance sonore contraignante

Dans les boutiques d’habillement, le niveau de bruit ambiant est généralement en dessous des seuils réglementaires, mais il fluctue en fonction de l’affluence de la clientèle.
Il peut provoquer fatigue, stress, anxiété, irritabilité, troubles de l’attention, troubles du sommeil, hypertension… mais également rendre difficile la communication avec les clients (perte d’intelligibilité, nécessité de forcer la voix…) et la perception des signaux (alarmes, bips…).
Les effets du bruit sur les salariés dépendent également de la tâche à exécuter et de leur sensibilité individuelle. La musique d’ambiance par exemple, si elle plait au salarié, pourra lui être agréable. Mais à niveau sonore égal, elle pourra devenir très vite insupportable, si elle n’est pas à son goût. Elle peut aussi être perçue comme stimulante en vente mais pénible en caisse, le niveau de concentration nécessaire étant supérieur.

Effets d’une ambiance hygrothermique contraignante

Les effets liés à la température vont dépendre de la qualité de l’air (température réelle, taux d’humidité, mouvements d’air…), du salarié (vêtements portés, perception personnelle…), de l’affluence dans la boutique et de l’activité réalisée (effort physique intense ou modéré, répétitivité, durée…).
Une chaleur trop élevée peut entraîner fatigue, maux de tête, crampes, excès de transpiration pouvant entraîner une déshydratation, voire une perte de connaissance.
La sensation de froid, outre l’inconfort, favorise les douleurs et troubles musculo-squelettiques.
Un taux d’humidité trop important dans l’air ambiant limite les possibilités de sudation, donc amplifie la sensation de chaleur. Il rend également l’air du local lourd, et peut contribuer au développement de bactéries et moisissures.
Une humidité trop faible peut occasionner un inconfort en asséchant les yeux et les muqueuses, favoriser la présence de poussières dans l’air, contribuer aux éruptions cutanées et causer des charges électrostatiques sur les équipements de travail.

Effets d’une ambiance lumineuse contraignante

Un éclairage inadapté peut entraîner, de manière réversible et selon la tâche à réaliser, une baisse de l’acuité visuelle, du champ visuel, de la vision du relief et de la vision des couleurs. En excès, il peut être agressif et éblouir. Insuffisant, il peut être à l’origine d’accidents, par exemple de chutes ou de heurts dans les allées de circulation ou dans les escaliers.
L’absence d’éclairage naturel peut, quant à lui, affecter l’état psychologique et physiologique des salariés.

Différentes mesures permettent de limiter l’exposition aux nuisances physiques. En voici des exemples :

Ambiance sonore

  • Limiter le volume de la musique d’ambiance et installer les enceintes de façon à permettre des variations d’intensité en fonction de la zone de la boutique (intensité réduite en caisse par exemple),
  • Choisir une programmation musicale variée, stimulante mais non agressive, de bonne qualité sonore,
  • Opter pour des matériaux absorbants acoustiques (cloisons, mobilier, faux-plafond…),
  • Régler le niveau sonore des sonneries de téléphone, des annonces publicitaires…
  • Aménager un espace moins bruyant pour les pauses, ainsi que pour le travail administratif qui nécessite une plus grande concentration.

Ambiance hygrothermique et qualité de l’air

  • Assurer un renouvellement d’air suffisant dans la boutique et les réserves, par ventilation mécanique contrôlée et/ou naturelle. Veiller à ne pas obstruer les bouches d’aération, notamment avec les vêtements stockés en réserve.
  • Maintenir un taux d’humidité relative entre 30 % et 60 % et une température de confort thermique, à adapter en fonction de la tenue vestimentaire exigée au poste de travail et de l’activité :

Ces paramètres peuvent être obtenus par un renouvellement d’air suffisant et par des dispositifs de chauffage et/ou de climatisation, entretenus et contrôlés régulièrement, et réglables facilement par les salariés ou à leur demande.

  • Lutter contre les courants d’air et/ou le froid extérieur (sas d’entrée, porte automatique, rideau d’air chaud, disposition de la caisse par rapport à l’entrée du magasin…),
  • Choisir des éclairages et équipements dont le dégagement de chaleur est faible,
  • Installer des stores extérieurs ou un film solaire lorsque le soleil donne directement sur la vitrine,
  • Limiter le travail physique en période de forte chaleur,
  • Mettre de l’eau potable réfrigérée à disposition des salariés et les inciter à s’hydrater régulièrement.

Ambiance lumineuse

  • Éclairer suffisamment toutes les zones dans lesquelles les salariés travaillent et circulent, en complétant si besoin l’éclairage naturel par un éclairage artificiel,
  • En l’absence d’éclairage naturel (galeries commerciales, réserves…), choisir de préférence un éclairage artificiel dans les teintes blanches et aménager des temps de pause si possible dans un local avec vue sur l’extérieur,
  • Choisir des lampes possédant un bon Indice de Rendu des Couleurs (IRC de l’ordre de 90),
  • Éviter l’éblouissement direct (spots dans le champ visuel…) et indirect (réflexion sur les miroirs, l’écran en caisse…), en protégeant les sources lumineuses par des grilles de défilement ou des déflecteurs, en évitant l’installation de parois brillantes dans le champ visuel des salariés, en privilégiant les surfaces mates ou satinées…

Le risque incendie

Un incendie est une combustion qui se développe sans contrôle dans le temps ni dans l’espace. Pour qu’elle ait lieu, 3 conditions doivent être réunies simultanément. C’est ce que l’on appelle le triangle du feu. La suppression d’un seul de ces trois éléments rend la combustion impossible.
Les principaux effets sur l’homme sont liés à la chaleur dégagée (brûlure de la peau, des muqueuses et des voies respiratoires) et aux fumées produites (anoxie liée au manque d’oxygène et au dégagement de monoxyde de carbone, asphyxie liée au dégagement de gaz, fumées et vapeurs toxiques). D’autres blessures peuvent être occasionnées par un incendie, liées à l’effondrement de la structure et de matériaux, à la projection d’éclats, aux chutes/heurts par manque de visibilité… En cas d’explosion, notamment de bouteilles de gaz, il peut se produire un effet de souffle responsable de polytraumatismes. Outre les effets sur la santé, un incendie cause d’importants dégâts pour l’entreprise. Les locaux, équipements et produits peuvent être largement dégradés voire complètement détruits par les suies de combustion, l’aspersion d’eau ou d’agents extincteurs. Les conséquences sont souvent économiquement irrémédiables puisque dans près de 70 % des sinistres, l’entreprise disparaît. Le personnel peut se retrouver en situation de détresse psychologique et/ou sociale.

Liste non exhaustive d’actions possibles pour « casser » le triangle du feu

  • Bien ventiler les locaux, notamment les réserves. Veiller à ne pas obstruer les bouches d’aération ni les dispositifs de sécurité incendie (sprinklers, détecteurs incendie, désenfumage…).
  • Faire respecter l’interdiction de fumer et de vapoter dans les locaux, disposer d’un cendrier extérieur.
  • Faire vérifier et entretenir périodiquement les dispositifs de chauffage et les équipements de travail.
  • Faire vérifier les installations électriques annuellement et réaliser les travaux de mise en conformité le cas échéant. Eviter l’accumulation de multiprises.
  • Limiter le nombre d’appareils électriques en fonctionnement, contrôler leur état avant utilisation et les débrancher après usage (fer à repasser, défroisseur, bouilloire…) …
  • Ne rien stocker dans les locaux techniques. Dans les réserves, limiter les stocks de cartons, tissus… autant que possible.
  • Laisser une distance de sécurité entre les produits stockés et les lampes.
  • Eviter l’utilisation de produits inflammables (vérifier l’étiquetage et les fiches de données de sécurité des produits techniques et d’entretien), notamment ceux en aérosol.

Dégagements et dispositifs de sécurité incendie

  • Les voies de circulation (couloirs, portes, escaliers…) doivent toujours être dégagées, accessibles, signalisées et éclairées (équipées au besoin d’un éclairage de sécurité).
  • Pour permettre une évacuation rapide et aisée de tous les occupants des locaux, aucun objet, marchandise ou matériel ne doit faire obstacle à la circulation des personnes ou réduire la largeur des dégagements.
  • Les portes susceptibles d’être utilisées pour l’évacuation doivent être manœuvrables simplement, de l’intérieur et sans clé. Les portes coulissantes motorisées doivent être contrôlées périodiquement.
  • Le Code du Travail impose au moins 1 extincteur portatif à eau pulvérisée d’une capacité minimale de 6 litres pour 200m² de plancher, et au moins 1 appareil par niveau.
  • Les extincteurs doivent être signalisés et maintenus en bon état de fonctionnement. Une vérification annuelle est nécessaire. Ils doivent être facilement repérables et accessibles, il ne faut donc rien stocker devant !
  • L’installation de Détecteurs Avertisseurs Autonomes de Fumée permet de :
    – Détecter les fumées émises dès le début d’un incendie,
    – Émettre immédiatement un signal sonore.

Dans le cadre de la réglementation ERP (Etablissement Recevant du Public) et du contrat d’assurance, des dispositifs plus contraignants peuvent être exigés. Il convient de se renseigner auprès du centre de secours du secteur, de l’assureur…

Formation et information des salariés

Les consignes de sécurité incendie doivent être affichées et connues des salariés. Elles indiquent le matériel d’extinction et de secours présent dans le local ou à ses abords, les personnes chargées de le mettre en action, celles chargées de l’alerte, celles chargées de diriger l’évacuation des personnes, les mesures spécifiques liées à la présence de personnes handicapées, les moyens d’alerte, numéro et adresse des pompiers.

Toute personne apercevant un début d’incendie a le devoir d’alerter et de mettre en œuvre les moyens de premier secours, sans attendre l’arrivée des travailleurs spécialement désignés.

Tous les 6 mois, des exercices doivent être organisés au cours desquels les travailleurs apprennent à :

    • Reconnaître les caractéristiques du signal sonore d’alarme générale,
    • Localiser les espaces d’attente sécurisés,
    • Se servir des moyens de premier secours,
    • Exécuter les diverses manœuvres nécessaires.

Les plans d’évacuation doivent être rédigés, affichés et maintenus à jour.

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